Histoire du karaté
Gichin Funakoshi, le père du karaté moderne
Gichin Funakoshi est né le 10 novembre 1868 à Yamakawa, dans la préfecture d’Okinawa. Descendant d’une famille de samouraï, il naquit pourtant dans une famille modeste. Il commença l’étude du karate à l’âge de 11 ans et ses tuteurs comptaient parmi les plus grands maîtres d’Okinawa. Les entraînements de l’époque étaient traditionnels, physiques, se déroulaient souvent la nuit et l’on apprenait le karaté pas à pas (un kata tous les trois ans). Il atteignit rapidement le niveau de ses maîtres et devint à son tour instructeur d’Okinawa.
Avec l’aide du créateur du Judo, Jigoro Kano, Gichin Funakoshi fût le premier à faire une présentation officielle du Karaté à Tokyo en 1922. Il fût critiqué dès lors par de nombreux maîtres d’Okinawa pour avoir transmis « l’art secret ». Il ira s’installer sur l’île principale du Japon pour y enseigner. Le karaté n’était plus un art martial d’Okinawa, il devenait Japonais et allait s’étendre dans le monde entier. Funakoshi publia en novembre 1922 un livre : « Ryû Kyû Kenpô Karate » qui sera détruit lors du tremblement de terre de 1923, mais il en éditera un autre : « Rentan Goshin Karate Jitsu ». ce n’est qu’en 1935 qu’il publiera un ouvrage de référence : « Karate Dô Kyohan ».
Funakoshi, âgé de 53 ans, va ainsi commencer à enseigner dans les universités japonaises et travailler comme gardien de dortoir. Le karaté du maître commence à se développer, plusieurs « clubs » universitaires vont se créer et le maître ira y enseigner (le karaté moderne naissait, ce n’était plus l’élève qui venait voir le senseï mais le senseï qui se déplaçait pour instruire des élèves en très grand nombre).
Malheureusement le fait d’enseigner à des jeunes de manière traditionnelle (kata et bunkaï uniquement) allait se retourner contre Funakoshi, ses élèves avaient envie d’aller plus loin, pratiquer le kumite, ce qu’il se refusait de faire. Il arrêta par la suite d’enseigner dans de nombreux dojo universitaires. Ce n’est qu’en 1936 qu’il va faire construire au Japon, avec l’appui de ses élèves, sa propre école, le Shotokan (« la maison des Pinèdes ». Gichin Funakoshi était écrivain, il signait ses oeuvres sous le pseudonyme de « Shoto », car il aimait à se retirer dans une Pinède pour y chercher l’inspiration). Ce dojo donnera le nom au style de karaté. Ce Shotokan comprenait 15 kata fondamentaux et plusieurs créations personnelles, dont les trois kata Taikyoku (shodan, nidan, sandan) qu’il avait conçu avec l’aide de son fils Yoshitaka.
Le Shotokan va être totalement détruit pendant la seconde guerre mondiale et de nombreux élèves de la première heure seront tués au cours de cette guerre. Le Shotokan sera rebâti à l’identique à la fin de celle-ci.
Après la guerre les choses vont s’accélérer, Funakoshi restera en retrait du dojo et laissera évoluer le cours des choses. Il décéda en 1957, laissant derrière lui un Shotokan en pleine mutation. Ses cendres seront dispersées à Okinawa, terre de ses débuts de karatéka…
Yoshitaka Funakoshi, Le fils qui va changer la face du Shotokan
Son fils, et élève, Yoshitaka (né en 1906) va apporter des modifications au style de son père. il va introduire la pratique des kumites, agrandir les positions pour « s’ancrer » davantage au sol et mettre en avant l’utilisation des hanches. Son entraînement fût intense, voire excessif, se sachant malade et condamné (il avait contracté une pneumonie dans sa jeunesse), il a poussé son corps dans ses derniers retranchements avec des entraînements toujours plus éprouvants et est devenu un karatéka d’une très grande puissance physique. Instructeur principal au dojo du Shotokan, Il va transmettre un karaté différent de celui de son père. Il va en plus mettre au point les Yoko-Geri, Mawashi-Geri et Ushiro-Geri, les mouvements vont devenir plus amples et les positions bien plus basses. A partir de 1940, après le départ pour okinawa de Funakoshi père, Yoshitaka va dispenser ses cours à de nombreux kamikazes, le spirituel s’éteignant derrière le besoin d’efficacité. A la fin de sa vie, il ne viendra enseigner au Shotokan que un ou deux jours par semaine et seulement à des gradés avec lesquels il s’entraînait depuis longtemps. Il s’éteignit en 1945.
Nakayama Masatoshi, Le successeur officiel de Funakoshi
Nakayama Masatoshi est né en 1913 au Japon, il sera initié dès l’âge de 10 ans au Judo et dès 13 ans au Kendo par son père. A l’âge de 19 ans il entre à l’université de Takushoku pour étudier l’art et l’histoire. Il va ainsi découvrir le karaté enseigné à l’époque par Gichin Funakoshi lui-même. Les entraînements étaient d’inlassables et éprouvantes répétitions de kata et de frappes sur makiwara. Il restera 5 ans auprès du maître avant de partir pour la Chine dans le cadre de ses études. Il continuera à s’entraîner et découvrira les boxes chinoises et le Tai Chi Chuan. Ce n’est qu’en 1945 qu’il revient à Tokyo où il ne trouve qu’un shotokan détruit par les bombes. Beaucoup de ses anciens partenaires d’entraînements sont morts. En 1949 il crée la Japan Karaté Association avec l’aide de Nishiyama senseï et de Takagi senseï. Ainsi, sont formés nombre d’instructeurs chargés d’enseigner le karaté Shotokan à travers le monde. En 1957 il organise les premiers championnats du Japon, il instaure aussi un système de grade à 8 dan. Nakayama va écrire de nombreux ouvrages sur les techniques du Shotokan-Ryu. Il s’est éteint en 1987 à l’âge de 74 ans.
Préceptes
- Rei au commencement, Rei a la fin. Le karaté commence et finit dans le respect.
- Il n’y a pas de première attaque en karaté. il n’y a pas d’avantages à attaquer le premier. On ne prend pas l’initiative de l’attaque.
- Le karaté est honneur et sert la justice.
- Connais-toi d’abord toi-même, puis connais les autres.
- L’intuition prime sur la technique. la technique mentale est plus importante que la technique physique.
- L’esprit doit rester détaché. l’important est de garder son esprit ouvert sur l’extérieur.
- La malchance provient de la négligence. Elle vient toujours de notre propre faiblesse.
- Le karaté ne se pratique pas seulement au dojo. il faut transporter les qualités acquises par le karaté dans la vie de tous les jours.
- Le karaté est la quête d’une vie entière.
- La voie du karaté se retrouve en toute chose, c’est là le secret de sa subtilité.
- Le karaté est semblable à l’eau bouillante qui refroidit dès que l’on n’entretient plus le feu.
- ne penser ni à gagner, ni à perdre. ne jamais chercher à gagner et ne jamais accepter de perdre. ne pas penser à gagner mais penser à ne pas perdre.
- adapter son attitude à celle de l’ennemi. en combat réel, agir et réagir en fonction des adversaires.
- L’issue d’un affrontement dépend de la capacité à gérer les forces et les faiblesses.
- Considérer les mains et les pieds de l’adversaire comme des lames tranchantes.
- Lorsque l’on franchit une porte, des millions d’ennemis nous guettent.
- ‘Garde’ pour le débutant, ‘position naturelle’ pour le gradé.
- Rechercher la perfection en kata, le combat réel est une autre affaire.
- Varier les rythmes. ne pas oublier les variations de la force, de la souplesse du corps et du rythme des techniques.
- Y penser tout le temps et suivre ces préceptes au quotidien.
Code Moral
MEIYO : Honneur
L’honneur conditionne notre attitude et notre manière d’être vis à vis des autres. Nul ne peut se prétendre Budoka (guerrier au sens noble du terme) s’il n’a pas une conduite honorable. Du sens de l’honneur découlent toutes les autres vertus. Il exige le respect du code moral et la poursuite d’un idéal, de manière à toujours avoir un comportement digne et respectable.
CHÛJITSU : Fidélité
Il n’y a pas d’honneur sans fidélité et loyauté à l’égard de certains idéaux et de ceux qui les partagent. La fidélité symbolise la nécessité incontournable de tenir ses promesses et remplir ses engagements. La fidélité nécessite la sincérité dans les paroles et dans les actes.
MAKOTO : Sincérité
Lors du salut du karatéka, vous exprimez cette sincérité. Le mensonge et l’équivoque engendrent la suspicion qui est la source de toutes les désunions. Dans les Arts Martiaux, le salut est l’expression de cette sincérité, c’est le signe de celui qui ne déguise ni ses sentiments, ni ses pensées, de celui qui sait être authentique.
YÛKI : Courage
La force d’âme qui fait braver le danger et la souffrance s’appelle le courage. Ce courage qui nous pousse à faire respecter, en toutes circonstances, ce qui nous paraît juste, et qui nous permet, malgré nos peurs et nos craintes, d’affronter toutes les épreuves. La bravoure, l’ardeur et surtout la volonté sont les supports de ce courage.
SHINSETSU : Bonté
La bonté et la bienveillance sont des marques de courage qui dénotent une haute humanité. Elles nous poussent à l’entraide, à être attentif à notre prochain et à notre environnement, à être respectueux de la vie.
KYOUKEN : Humilité
Si le budoka devient l’ambassadeur du code moral, il se doit de rester humble et ne pas flatter son ego. L’orgueil et la vanité freinent considérablement l’apprentissage de ce code moral. La bonté et la bienveillance ne peuvent s’exprimer sincèrement sans modération dans l’appréciation de soi-même. Savoir être humble, exempt d’orgueil et de vanité, sans faux-semblant est le seul garant de la modestie.
GISHI : Droiture
C’est suivre la ligne du devoir, sans jamais s’en écarter. Loyauté, honnêteté et sincérité sont les piliers de cette droiture. Elles nous permettent de prendre sans aucune faiblesse une décision juste et raisonnable. La droiture engendre le respect à l’égard des autres et de la part des autres. La politesse et l’expression de ce respect dû à autrui.
SONCHÔ : Respect
La droiture engendre le respect à l’égard des autres et de la part des autres. Respecter le sacré est le premier devoir d’un budoka. Quelles que soient ses qualités, ses faiblesses ou sa position sociale. Savoir traiter les personnes et les choses avec déférence et respecter le sacré est le premier devoir d’un Budoka car cela permet d’éviter de nombreuses querelles et conflits.
SEIGYO : Contrôle de soi
Cela doit être la qualité essentielle de toute ceinture noire. Il représente la possibilité de maîtriser nos sentiments, nos pulsions et de contrôler notre instinct. C’est l’un des principaux objectifs de la pratique des Arts Martiaux car, il conditionne toute notre efficacité. Le code d’honneur et de la morale traditionnelle enseignée dans les disciplines du Bushidô est basé sur l’acquisition de cette maîtrise. Il représente la faculté de toute ceinture noire à maîtriser n’importe quelle situation et maîtriser son instinct.